Rien à voirTechnologieUn dessin par jour

Tu m’a battu au Go !… Mais tu reste quand même plus con que ma tortue… ou pas ?

En ce moment a lieu dans un coin du monde un duel qui me passionne pour des raison d’ordre technologique et progressiste (parce que innovation est encore un mot dont le sens commun me gave… mais c’est un autre sujet, on sait depuis longtemps que le meilleur moyen de régler les maux de la terre consiste à appeler un chat un chien).

Ce duel, disais-je donc avant de m’éparpiller, c’est celui qui oppose Lee Se-Dol, champion du monde et maitre 9ème Dan de Go, une brute qui joue dans le monde professionnel depuis 12 ans, une sorte de dieu vivant du Go, et AlphaGo, un programme informatique présenté comme une intelligence artificielle, crée par Google.

Le terrain de lutte ?… le damier d’une partie de go, un des jeux classiques les plus complexes qui existent, certains disent le plus complexe de tous, car en terme de force brute, on ne peut pas calculer toutes les combinaisons de dispositions possibles pour les comparer et les éliminer pour choisir la meilleur (comme le fait un programme d’échec). Il y en a simplement trop ! Il y en a plus que le nombre d’atomes estimés dans l’univers !

Et comme aujourd’hui, les news vont toutes êtres sur le même sujet, la grève et manif fort légitime et que je soutiens contre la cynique et désastreuse Loi El-Khomry, je vais vous distraire en vous parlant d’intelligence artificielle et de raisonnement intuitif…

Ce matin donc, première manche :  la machine vient de branler l’homme, Lee Se-Dol a jeté l’éponge au bout de trois heures et demi en constatant qu’AlphaGo dominait la partie. Le Champion du monde perds la première manche directe. Ok… mission remplie pour Google, quels que soient les résultats suivants.

Pourquoi ?

Parce qu’elle peu ainsi prétendre qu’il est donc possible de parvenir à simuler et donc apprendre la capacité de raisonnement abstrait et intuitif du Go à une machine. Moi je dirais programmer. Mais dans le cas de la complexité effroyable d’une partie de Go, le mot apprendre n’est pas galvaudé… la puissance de calcul brut ne sert à rien, il faut calculer autrement. Pour un humain, il faut penser, et à un très haut niveau d’abstraction…

Mais soyons clairs. Google est parvenu à simuler pour une machine  la capacité de raisonnement abstrait et intuitif du Go ! Du Go, hein… non, pas du reste !

Je m’explique, même si j’ai des amis qui vous expliqueraient cela mieux que moi, bien que peut-être avec plein de mots compliqués et sans humour à la con : le raisonnement intuitif, la capacité d’analyse déductive et d’anticipation, cela a un nom vulgaire : le sens commun. Le truc qui fait que nous n’avons pas besoin de réfléchir pour savoir que si la plaque vitrocéramique est rouge et irradie du chaud, ça veut dire que tout ce qui va la toucher va cramer. Un processus déductif facile et immédiat dans nos cerveaux biologiques spongieux, qui découle d’un rapport entre apprentissage, données brutes, analyses de celles-ci, et déductions de conséquences à des actions anticipés, mais que vous pouvez très bien apprendre sans mal à minou, toutou, ou au perroquet. En fait, et d’expérience, même une tortue comprends ça très bien et une fois l’expérience faite, elle se repose pas la question : si ça brille et que c’est très chaud, ça brûle : mauvaise médecine.

Une machine, elle, doit observer, enregistrer les données capturées, les traiter depuis ses capteurs pour les analyser, et déduire des informations, interprétés par son système de reconnaissance, puis en tirer une donnée finale de ses banques de données…

… ou alors elle ne sait pas ce que c’est, et elle se brûle. Et comme elle ne sait pas ce que c’est, il est même possible qu’elle ne puisse pas faire un lien entre ce qui la brûle, et le fait qu’elle brûle, et donc, meurt… enfin… le mot équivalent pour une intelligence artificielle.

Si elle a de bons systèmes de capteurs, et sait mémoriser et traiter vite des informations issues de capteurs externes, elle va se rappeler que CETTE configuration produit CET effet. La prochaine fois, la plaque vitro irradiante et chaude, elle se fera plus avoir, ha ha ha !

Mais si la plaque vitro est chaude mais n’irradie pas de rouge ? Autre configuration, rebelote apprentissage. Multipliez cela par tous les risques domestiques et vous commencez à mettre le doigt sur la complexité de ce qu’on appelle sens commun, et qu’on a tous, sinon on serait tous morts depuis longtemps. Bien qu’en voyant le film Idiocraty et les décisions de masse aberrantes de mes contemporains, je m’avance peut-être beaucoup sur l’espoir que l’humanité ai un sens commun développé.

Tiens, c’est marrant au fait : les mamans qui me lisent viennent TOUTES de tilter et acquiescer avec de looongs soupirs.

Ok… ben nos ordinateurs, ils en sont à peine à ça… de sont des super-génies plus idiots que des tortues (et Magalie ma tortue, elle était adorable, adorait les gratouilles et faire chier le chat, mais elle était un peu con quand même) qui nous pougnent de plus en plus -et est-ce surprenant ?… nos cerveaux ne peuvent pas rivaliser dans ce domaine- dans tous les cas où la vitesse de calcul+la force de calcul+le traitement brut de données  est dominant dans l’exécution d’une tâche.

Un ordinateur pilotera mieux une voiture ou un avion supersonique que tout être humain. C’est une évidence. Pour le moment, et à raison, on ose à peine leur confier des tâches complexes. Car nous savons que dans ces tâches complexes il y a un moment où il faut improviser vite et prendre une décision qui ne peut être bâtie que sur un raisonnement intuitif, une anticipation action/conséquences qui a tellement de variables… que l’analyser est vain. Il faut se fier à l’instinct et la prise de décision intuitive.

Et si on ose pas, croyez-moi, ce n’est pas parce qu’on ne sait pas apprendre cela à des machines : la preuve, au Go. Mais parce que toute situation imprévue est…. imprévue.

Et un ordinateur est un surdoué plus bête qu’une tortue. Il sera meilleur que n’importe quel humain. Dans ce qu’il sait faire. Mais il n’a aucune élasticité cérébrale lui permettant soudain d’improviser quoi que ce soit à partir de ces données et de sa capacité d’analyse et de raisonnement. Il ne peut faire de raisonnement intuitif que dans le cadre de la tâche pour laquelle son programme a été conçu.

Il ne pense pas. Il calcule toujours. C’est juste une grosse machine à calculer très, TRÈS très performante. Plus que nous. Mais pour le moment, ça n’est guère au delà de cela.

AlphaGo a gagné la première manche d’une partie de Go contre le Champion du Monde. Que peut-on en déduire désormais ?

Disons pour être raisonnable… que désormais, les ordinateurs savent nous battre au Go.

PS : elle n’est peut-être pas plus con que ma tortue… vraiment pas :

Donc, pour parler de DeepMind, notre machine à jouer au Go. ce n’est PAS une machine à gagner au go. E tje vais tenter de vulgariser rapidement les explications que j’ai pu glaner, et celles qu’on a pu me fournir :
Deepmind apprends. Avec un principe d’essai/erreur qui ressemble parfaitement à la logique de notre propre évolution culturelle. Il test, il rate, il reteste, il rate moins, etc… le système qui lui permets de savoir qu’il progresse est un système de notation que je n’ai pas très bien compris, mais qui si je devais simplifier est le principe de quel % de l’exercice final tu est parvenu à faire à chaque essai. Tu finit par savoir que tel procédé a le meilleur score, tu garde ça comme base et tu recommence… tu augmente ainsi ton score, et au fur à mesure, tu apprends et maitrise ton sujet. DeepMind a donc besoin d’un truc à apprendre et des capteurs pour pouvoir interagir et percevoir ce qu’il a à apprendre, plus un système de notation pour savoir quel score il fait à chaque fois qu’il essaye.
Ça veut dire quoi ? Que DeepMind peut aussi bien apprendre à jouer au Go, que te poutrer la gueule à counterstrike, ou apprendre à cuire des oeufs. Il ne fera rien de tout cela tout seul, et sans capteurs et outils pour interagir avec son environnement, il ne voit rien. D’ailleurs, il ne peut avoir conscience de rien, il ne sait qu’une chose : le sujet qu’il étudie et apprends, et l’exercice à finalement réussir et maitriser.
Ok.
Il est con,
On est d’accord. Mais il faut alors prendre conscience qu’il est aussi con qu’une bestiole qui vient de naitre et qui doit TOUT apprendre et expérimenter. Il a une cognition très très simple et très limité, une perception de son environnement faible, de toute évidence aucun « MOI » (bien que là, je pense qu’on entre dans la philosophie et plus la science), mais il est capable de faire ce que fait tout animal : apprendre. Le premier pas vers la prise de conscience de son environnement, et de soi-même. le tout premier pas avat la grande question des gamins : pourquoi çi et pourquoi ça ?
AlphaGo n’a pas été programmé pour apprendre le Go. Il est DeepMind, il a été programmé pour savoir comment on apprends, et pour apprendre. Et il a appris le Go.
Et il a maitrisé le Go.
Et il peut faire sans doutes cela avec tout… et 4a ne va pas tarder qu’il sache un jour parfaitement réussir un tounedos Rossini, en regardant comment des cuisiniers ont fait, et la tête du gars qui va le gouter et lui dire si c’est bon ou si le sucre à la place du sel est une très mauvaise idée…
Avec des bras, des jambes et un corps (c’est très compliqué mais posons l’idée), il pourrait apprendre à marcher, puis courir tout seul.
Et c’est juste le début.

Une réflexion sur “Tu m’a battu au Go !… Mais tu reste quand même plus con que ma tortue… ou pas ?

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