HumeurUn dessin par jour

Ne les appelez pas migrants bordel… appelez-les réfugiés !

refugies

Les mots tuent. Chaque mot a un sens, et un pouvoir, ravageur. Une balle peut tuer un homme. Bien placé ou mal placé, un mot peut en tuer cent mille. Un mot mal traduit, ou mal choisi, décida du largage des bombes d’Hiroshima et Nagasaki.

Actuellement, le choix d’un mot est en train de provoquer des milliers de morts dans les eaux de la Méditerranée (au fait à votre place, quitte à être pas trop faux-cul, j’arrêterai la langouste et l’araignée de mer…. moi je connais leur régime alimentaire…). Les gens qui fuient la guerre et la mort ont toujours été appelés réfugiés.

Hors, nous, petons confortablement européens (mais pas tous, hein, les grecs, par exemple, après les espagnols, tiens marrant les deux premiers aussi à accueillir des réfugiés, mais je pense aussi à l’Italie du Sud ; eux, se sentent sans doutes pas en ce moment bien confortables et au chaud), nous avons choisi de les appeler migrants. Adrian Edwards, porte-parole du HCR, résume mieux que moi l’effet de ce choix de mot… et ses conséquences barbares : cette expression est «factuellement erronée, potentiellement nocive pour l’attitude du public à l’égard des demandeurs d’asile et des réfugiés, et d’autant plus que, faisant office d’expression fourre-tout, son utilisation s’entérine».

Des migrants. Des déplacement d’immigration économique, quoi ?

En bref, et pour interpréter façon gros con moyen et télévision de 20 heures : des gens qui viennent chercher travail et fortune en Europe (sic)… mais en fait : c’est des salauds d’étrangers pas de chez nous barbares d’un dieu barbare et d’une religion barbare qui veulent venir piquer notre pain, sucer notre chômage, voler notre social, terroriser nos mamies et violer nos enfants ! J’ai bon là ?

En fait, ce sont des civils… des gens comme vous et moi, de toutes confessions, y’en a même des athées, si si !… des gens qui fuient la guerre, la guerre moderne, la guerre sale, la guerre civile et barbare de groupes armées se réclamant d’une confession religieuse ou politique pour excuser leur désir d’hégémonie tyrannique cruelle et barbare, une guerre qui n’attaque pas des armées et des militaires, mais qui attaquent des villes. Une guerre à coup de bombes humaines et de mines, une guerre à coup de tortures, de tueries et de viols filmés en live, une guerre à coup d’asservissement, et d’esclavagisme sexuel à grande échelle. Une guerre pour tuer l’espoir et la liberté, c’est à dire le peuple… vous savez ce connard comme vous et moi qui n’est pas armé, pas entrainé, pas préparé et qui a une putain de famille qu’il tente de sauver par tous les moyens !

Ils payent des fortunes pour traverser des pays en guerre, où ils sont au passage rançonnés. Ils payent des fortunes pour traverser la mer, après les déserts et les ruines. Ils payent des fortunes pour crever sur la route, pour mourir comme des bêtes (après tous oui, nous sommes des animaux… mais là, on se comporte comme bien pire que les pires bêtes). Ils parviennent enfin à nos côtes, nos frontières, ils sont ruinés, ils sont perdus, ils sont épuisés, mais voici le pays des Droits de l’Homme, l’Europe de l’union des nations, de la fraternité de peuples qui ont été en guerre, et ont vécu, subi, fait subir la même chose à leurs peuples !

Et que faisons-nous ?

Nous les appelons migrants, pour leur refuser le statut de fait, de facto, de réfugiés qu’ils sont, qui fuient la guerre. Nous en avons peur, nous les méprisons, nous leur vouons tous les maux, nous les rejetons. Qu’ils crèvent. Nous décidons que cette vieille loi traditionnelle d’accueil, de protection, d’hospitalité, d’asile aux faibles et au opprimés : aux chiottes. Qu’ils restent à crever dans leur pays, massacrés par des barbares, ça ne nous regarde pas ! On va pas se mêler de leur guerre (re-sic), qu’ils ne viennent pas nous demander en plus secours chez nous !

Nous sommes méprisables. Nous valons à peine mieux, peut-être même pas plus, que les monstres qui les massacrent et les forcent à fuir.

Nous les appelons migrants. Ainsi, nous n’avons pas besoin d’être humains, en les traitants en humains…