HumeurRien à voir

Non, je ne suis pas gratuite, oui, je dois manger aussi.

Bon… résumons: environ une fois par semaine, je suis contactée en privé par des gens qui me demandent un « petit dessin » pour leur faire plaisir, ou me font une proposition commerciale qui peut se résumer à: « faites-nous un super travail gratos, et vous aurez l’honneur de vous faire connaitre grâce à nous » … sic…

Alors, et ce même si je sais fort bien répondre aux uns et aux autres -c’est à dire poliment avant tout, et de suite moins poliment et avec un humour d’apocalypse nucléaire admirée par le Dr Folamour en plein orgasme, quand ils insistent ou ne captent pas- je vais donc ici expliquer, répéter, rappeler, bref, faire une certaine et rapide pédagogie de comptoir.

Non, je ne dessine pas gratuitement.  Sauf deux exceptions, qui n’en sont qu’une: quand dessiner, pour moi-même, ou pour un de mes amis (notez ici le mot-clef: « amis », je vais y revenir) me fait plaisir, me motive, ou s’avère avoir pour moi un intérêt.

Le reste du temps, je bosse. Et ce même d’ailleurs quand je dessine pour moi et les miens. Puisque ces dessins, peu ou prou, deviennent des posters, des commandes, des illustrations pour d’autres, de la promotion, que je préfère faire moi et comme j’en ai envie, etc…

Oui, c’est fou, j’ose prétendre que dessiner, peindre, illustrer est un travail?! Ce n’est pas une passion que je fais jour et nuit, et qui ferait de moi une distributrice gratuite de petits mickeys pour rendre heureux son prochain?

La réponse est évidente. C’est une passion, comme écrire d’ailleurs. Mais je ne prétends et n’exige pas de pouvoir à peu près vivre avec ce que j’écris. Par contre, dessiner c’est mon métier.

Je suis illustratrice professionnelle.

Quoi vous pas comprendre dans ce titre?

Professionnel signifie de manière tout à fait implicite que c’est ma profession (nooon, sans blagues?). Ce qui signifie que c’est un métier, qui a des frais, et qui est sensé me permettre de payer mes factures, remplir mon frigo, et financer le prix de la connexion internet, de mon ordinateur, de son renouvellement, de ses accessoires, de ses pannes, de mes déplacements professionnels, et toutes choses qui s’appellent les frais courant de la vie…. Bref, entre un plombier, un cadre chez Monoprix, et moi, il n’y a aucunes différences.

Sauf que je dessine, que je crée, que je rêve, et que je fais ce qui me plait. Au prix que je suis fort loin d’avoir un salaire, et que quand je feignasse, je ne gagne pas un rond, et je suis seule responsable de la situation.

Alors non, et que ceci rentre dans le crâne de tous les lecteurs qui j’espère seront nombreux, les illustrateurs professionnels ne dessinent pas gratuitement.  Pas plus qu’ils ne vont faire de mickeys chiadés en y passant trois nuits, pour assurer leur hypothétique promotion offerte pas on ne sait quelle structure qui, si elle était sérieuse, et honnête, voudrait payer les illustrations, et études graphiques qu’elle tente d’obtenir.

Nous ne sommes ni des robots, ni des photocopieuses, ni des Samaritains, mais des créatifs professionnels qui prétendons, luttons, et bataillons, pour vivre de notre savoir rare et unique. Personne ne dérange un plombier pour se faire réparer son évier à l’œil, ou alors c’est un très bon ami, non?

Ben c’est pareil.

Pour en terminer là, je parlais de la définition d’amis: mes amis, je les choisis, je les aime, je les respecte, et je dessine pour eux parce que cela me fait plaisir. C’est moi qui décide de faire une illustration pour les miens, et c’est moi qui décide qui est assez proche de moi pour que je dessine pour lui, qui est mon ami.

D’ailleurs, mes amis ont une patience de Bouddha, parce que par moment, ils les ont attendus très longtemps, mes dessins, et les attendent encore.

Voilà, j’espère que cette mise au point effectuée, mes clients comprendront que je ne dessine pas pour leurs beaux yeux, il n’y a que peu de gens pour qui je fais cela, et c’est moi seul qui les choisit.

Et si vous voulez une illustration, voici ma page de tarifs, cela me fera très plaisir d’en discuter!

Spéciale dédicace à mes amis et collègues, et aux inconnus, qui font le même métier que moi, et vivent la même chose, tout le temps, de particuliers, et d’entreprise; je pense à vous.

Une réflexion sur “Non, je ne suis pas gratuite, oui, je dois manger aussi.

  • Si ça peut te rassurer, ce ne sont pas que les seules illustrateurs, qui sont confrontés à ce problème, courage !

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