ArtsLittératureRien à voirUn dessin par jour

Expliquer le merveilleux de la fantasy, c’est toujours rêver

C’est Sandy Julien, une connaissance, qui, au hasard d’un post sur facebook, m’a donné envie de cette réflexion, au sujet des gens qui ont besoin de toujours ramener à l’explication concrète et matérielle une œuvre de fiction, de fantasy, et ses incohérentes par rapport à la logique la plus pragmatique.

L’envie d’expliquer n’est pas du tout ce qui tue le conte de fée, chez le péquin moyen, pour qui la fantasy n’est ni du vrai cinéma, ni de la vraie littérature, même pas du vrai art.… et il pense pareil de la SF, pas de jaloux. Ici, les deux termes, finalement, ne forment plus qu’un : la littérature de l’imaginaire. Je dirais fantasy par pure facilité.

Expliquer le la magie, le souffle du dragon, le sabre laser, le bruit des explosions dans l’espace, c’est déjà redevenir enfant, c’est déjà rêver. On sait que cela ne fonctionne pas, mais que ça ne fonctionne pas n’est pas AMUSANT, alors, on cherche une explication qui aurait sa propre cohérence interne à l’œuvre, à l’univers, qui elle-même introduit alors une création, une rêverie, une imagination. On est déjà dans le conte, on entre déjà dans l’interprétation. On joue le jeu. On s’amuse.

Et cela fonctionne même avec la plus aride science-fiction, car même elle introduit des questionnements, des impossibilités, des illogismes, mais qui pourraient être, ou seront, qui n’ont pas besoin d’explication, mais qui peuvent être expliqués aussi pour qui décide de faire de la science un support à l’imaginaire.

Or, la science, dans son mécanisme, c’est avant tout une idée, imaginée, pour répondre à une question. Puis, cette idée est confrontée à l’expérience et aux faits. Mais au début, au tout début, ce n’est qu’une idée. Une rêverie. Elle va juste plus loin que d’autres parce que cette idée-là pourrait s’appliquer au réel. Tout le reste n’est alors qu’imaginaire… que possibles, proches ou lointains. Après tout, personne n’a vu venir les téléphones portables et les réseaux nomades, mais pourtant, on les retrouve sous d’autres formes, imaginés, dans des œuvres de fiction… de fantasy et de science-fiction précisément. Hou, les gros mots.

L’envie d’expliquer ne tue pas le conte de fée. Ce qui le tue, c’est le refus d’y croire avant même qu’il ne soit raconté. C’est le refus du risque, la crainte de sortir des chemins balisés, la peur de la nouveauté, l’effroi face au mystère de ce que recèle réellement la fantasy. Elle révolutionne les idées, ouvre des chemins, des pires aux plus beaux possibles, elle éclaire le réel à la lumière d’un imaginaire fait pour mettre en plein jour ce qui reste dans l’ombre. Elle nous dévoile ce qui pourrait être le plus beau de notre monde contemporain et nous oblige à regarder en face ce qui peut en être la pire horreur.

Et en plus, finalement, de nous éclairer, de nous cultiver, de nous enseigner, la fantasy nous amuse. Elle nous fait rêver et nous donne des idées. Et ce sont avec les idées que l’on fait avancer le monde. Celui qui prétend que tout cela est vain est avant tout un être qui prétend que les idées, le rêve, l’amusement, sont vides de sens et sans valeur. Que seul compte non le présent, mais ce qui a déjà été fait et réalisé. Il ne rêve pas, celui qui méprise la fantasy. Il ressasse seulement son passé.