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JDR Mag ; ça glisse, ça dérape, c’est à la mode…

Addenda cyberharcèlement en fin d’article.

Bon, je n’aime pas taper sur les confrères du monde du jeu de rôle. Mais le fait est que mon éthique m’important nettement plus que de respecter des gens avec qui je pourrais éventuellement bosser, ça ne m’a jamais arrêté. Et là, je vais devoir taper un peu, d’autant plus qu’il s’agit ici de relever des problématiques graves pour un magazine de jeux de rôle distribué en kiosque. Ce n’est pas un dérapage sur un sujet de blog ou sur un mur Facebook ; sa portée est autrement plus vaste et, donc, les conséquences sont autrement plus graves.

Jeu de Rôle Magazine (surnommé JDR Mag) est un magazine francophone trimestriel de jeux de rôle édité par la société Titam, entité de l’éditeur de jeux de rôle « le Département des Sombres Projets ». Il existe depuis 2008, racheté par l’éditeur mentionné précédemment en 2014. Y participent pas mal de gens, aussi bien rédacteurs réguliers que pigistes et le magazine reste généraliste dans son angle d’approche du jeu de rôle. Sa ligne éditoriale tient à respecter une claire neutralité (c’est eux qui l’affirment) sans s’interdire à la pluralité des points de vue (je ne fais que copier leurs propres déclarations ici).

Et c’est respecté, à priori. Je veux dire, il y a de temps en temps des présentations et articles avec des contenus progressifs, on y a, à priori,  causé de problématique féministe, de sécurité émotionnelle en jeu de rôle, d’inclusivité, etc. Parce que ça existe, parce que tu ne peux pas présenter certains produits ou faire découvrir certaines initiatives sans aborder ces sujets. Comme je ne lis pas ce magazine – en fait, je ne lisais que 3 magazines de JDR, qui ont disparus : le Di6dent et les « so 20ème siècle » Casus Belli et Jeux et Stratégie – je ne vais pas pouvoir vous donner d’avis plus avant sur son fond et son contenu. Et j’ai peut-être tort sur une partie de ce que j’avance plus haut.

Mais voilà ; les choses ne sont pas très roses non plus, et ici, on entre dans un problème qui soulève des polémiques mais, surtout, contredit complètement la prétention manifeste du dit-magazine et lui vaut un bad buzz qui s’avère mérité. La section billets d’humeur du magazine qui, je le rappelle, est grand public et distribué en kiosque, recueille les avis des collaborateurs de l’équipe éditoriale. Et c’est un peu là que le bât blesse. Bon, pas que là, mais c’est de là qu’arrive notre problème. Et voici ( JDR Mag’ n° 58 )  :

 

 

Parce que TOUT CE QUE CONTIENT UNE PUBLICATION engage la responsabilité de son équipe éditoriale. Ce qui fonctionne pour une chronique de Libération ou un billet rédactionnel de 20 Minutes fonctionne pour un magazine de jeux de rôle. Que des quidams pensent que le wokisme (dont la définition, pour l’auteur de ce billet et ses potes, est celle de Blanquer et Zemmour, en gros) va tuer le jeu de rôle, c’est une chose. Ils ont droit de penser des absurdités. Même le droit de le dire sur les réseaux sociaux –et éventuellement d’en assumer les conséquences sociales ou légales s’ils ont dépassé les bornes. Mais l’écrire noir sur blanc dans un billet d’humeur engage toute la rédaction du magazine où cela est publié. Elle a accepté que ce soit publié, elle en assume donc la responsabilité. Toutes les personnes insultées ou outrées par ce billet sont légitimes à en reprocher le contenu à la rédaction du magazine et son rédacteur en chef. Ils ont publié ce truc, ils en sont responsables.

Bon, ce n’est pas la première fois que le magazine publie des avis de collaborateurs/rédacteurs problématiques, sans compter quelques couacs de contenus ici et là avec des relents de sexisme ou d’opinions réacs. Mais les couacs, cela reste des couacs. On retiendra cependant deux cas, que je mets à votre disposition ci-dessous. J’avoue que l’avis péremptoire : « le masculin c’est respecter la grammaire» me fait doucement rigoler tellement c’est absurde (en quoi un article écrit au féminin est-il incorrect ou irrespectueux de la grammaire ?), mais je ris moins à l’opinion que retirer les stéréotypes racistes, pourtant clairement identifiés comme problématiques par les concernés, dans un supplément de jeu de rôle c’est excessif. Là, on est dans l’argument de #coucouille, hein !

 

 

(un avertissement avant un article rédigé au masculin, avec cette justification de la modification rédactionnelle)

 

Soyons clairs : même pour la féministe/humaniste/progressiste/casse-burnes LGBT+ que je suis, il y a parfois excès dans l’effort d’inclusivité ou de contrainte au respect humaniste. Mais je préfère cela à tomber sur des publications relayant des tropes racistes, sexistes, et j’en passe. Ça, on en a plein les journaux, la télé et les discours politiques ; ai-je besoin de vous faire un dessin ?

Je voudrais finir sur un point important : j’accorde le bénéfice de la sottise maladroite à Jeu de Rôle Magazine. Si ces billets d’humeur étaient pensés en mode « lâchez-vous », en oubliant que ces derniers engagent la responsabilité de l’équipe éditoriale, c’est donc une bêtise. Une grosse, ceci dit, mais une bêtise quand même. Mais elle a des conséquences. Je cause des #coucouilles plus haut, mais ces avis font le bonheur des mascurôlistes et des réactionnaires de tout poil, car ils légitimisent leur combat contre le féminisme, le progressisme, l’antiracisme, l’inclusivité. Ils leur donnent raison et leur fournissent des arguments imparables dont ils se sont déjà saisis.

En gros, avoir laissé écrire cela dans les lignes du JDR mag’, c’est, même involontairement, avoir cautionné les postures de discrimination et de haine de ces types. Et donner raison aux connards haineux est la plus grave conséquence de cette sottise. Une conséquence que JDR mag’ va devoir assumer ; car sinon, ses lecteurs s’en chargeront pour lui. La neutralité, ça n’existe pas, même pas en Suisse.

Addenda, 4 Juillet 2022 :

Comme prévu, la sortie de cet article a généré une vague de tentatives de cyberharcèlement me visant, avec deux trois tentatives de pirater le site à grand coup d’attaque de déni de service. Ça se passe plutôt bien. Les moustiques sont nuée, mais je sais très bien où trouver le DDT. Je tenais juste à préciser que la cause a conduit à l’effet prévu, et à vous en monter un exemple parmi environ un millier, maintenant, de messages de haine divers, après 6 jours consécutifs d’invasion de crétin dans mes boites mail et messageries privées :
(ne me demandez pas ce que dégebre veut dire 😀 )

Une réflexion sur “JDR Mag ; ça glisse, ça dérape, c’est à la mode…

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