HumeurUn dessin par jour

Et si on remettait une couche sur le Salon du Livre Paris ?

Non mais jusqu’ici, j’étais calme et pondérée. C’est une faiblesse coupable ; des fois, je suis gentille. Pas longtemps. Le monde se charge de me rappeler qu’il est (trop) peuplé de maniaques hystériques de la plus-value qui ne pensent que dividendes et actionnaires, de haineux de classe de maternelle  qui haïssent parce qu’ils en ont besoin pour fonctionner et remplir la vacuité cosmique de leur existence, de parvenus à cigare qui regardent le monde s’effondrer comme des Nérons de pacotilles heureux dans leur gras et d’Épiméthées décérébrés, ravis de prendre des décisions de con et de ne se demander que longtemps après si c’était pas une très mauvaise idée ?

Ces gens-là peuvent, en petite poignée, vous démolir les meilleurs idées. Or ils sont légions… et quand on en rassemble des spécimens remarquablement représentatifs de cette faune-là en un seul lieu, le Salon du Livre Paris, on est sûr du résultat. Celui qui vient de penser là-bas à droite « de la merde en barre » a gagné toute ma considération et une dédicace avec un bonhomme-bâton.

Donc le Salon du Livre Paris, événement privé mais organisé par le  SNE, (Syndicat National des Editeurs (français))  composé de plus de 600 éditeurs, dont les plus gros et principaux, refuse de rémunérer les auteurs qui composent la principale raison d’être de leur salon et sa plus prestigieuse animation. Les gens viennent pas pour acheter des bouquins, les gens viennent pour acheter des bouquins à leurs auteurs, les rencontrer, assister à leurs conférences etc. Gag ultime, le Centre National du Livre (CNL) avait suivi les demande de la Charte pour imposer que  les organisateurs de manifestations soutenues par le CNL doivent rémunérer les auteurs qui participent à des rencontres, avec une grille tarifaire et tout, le tout validé et accepté par la SNE… mais… le Salon du Livre Paris étant sa petite fiesta géante privée, elle n’a pas à appliquer cette directive, donc ils ne veulent pas payer les auteurs.

Voici leur excuse :

Ok… donc le seul métier où tu n’es pas payé pour être conférencier ou animer des débats et tables rondes, c’est auteur ?! Mais allez vous faire mettre !

Je le répète, on en a RIEN à carrer de cette promotion ! Elle ne sert à rien ! Elle est coûteuse et épuisante pour les auteurs et n’a pratiquement aucun effet décelable sur leur vente et leur visibilité ! Combien de livres un auteur signe-t-il dans un salon ? Quand il est connu, c’est à dire 10% des cas, voire moins, allez :  cent cinquante – deux cents (et c’est à la chaine, donc en plus, la rencontre auteur-public, elle est même pas intéressante). Quand il n’est pas connu, il va en signer trois, peut-être quatre (expérience vécue une fois, c’était une moyenne des auteurs lors d’une convention). La grande majorité, mais d’auteurs qui sont malgré tout au moins un peu connus,  tourne à vingt-trente… Disons que leur bouquins se vend 20 euros pièce, leurs droits d’auteurs à généreusement (souvent c’est moins) 10%, ils gagnent sur ces salons… 60 € !

Je vous explique combien coûte le déplacement, les hôtels, la bouffe pendant ces salons (très souvent, le plus souvent en fait, à la charge partielle ou complète de l’auteur) ?.. Ouais… les 60€ gagnés font peanuts. Et la renommée gagnée est totalement inutile : l’auteur célèbre en ressort aussi célèbre, l’auteur inconnu en ressort toujours aussi méconnu.

Livre Paris, comme tous ces salons du livre,  ne peut pas vivre sans auteurs. Mais les auteurs vivent très bien sans sans ces salons du livre. On en revient à ce que je disais plus haut : des épiméthées, des maniaques de la plus-value, et de gros parvenus gras et béats. Les haineux, c’est ceux qui nous maudissent en plus d’oser avoir un tel discours et de cracher sur notre métier. Mais ce n’est pas notre métier ! C’est comment on exploite notre métier en nous appauvrissant et en nous disant qu’on a pas le choix.

Ben si on l’a… et ce choix, c’est de laisser crever ces salons tels qu’ils sont organisés, au mépris de ce qui fait leur raison d’être. Les auteurs.

Donc, laissons-les crever.

Auteurs, n’y allez pas, vous n’y avez rien à gagner. Il y a d’ailleurs une tripotée d’auteurs qui devaient tenir des conférences et des débats qui ont annulé leur venue. Public, laissez tomber : c’est très cher, ça ne vaut pas grand chose et votre argent n’ira jamais vers les auteurs pour qui vous vous déplacez.

#payetonauteur

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