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Comment la guerre contre les #coucouilles a commencé…

Ca date d’il y a quelques jours. Depuis, j’ai reçu largement plus de 300 messages de harcèlement, injures, menaces diverses. On pourrait croire que c’est un raid, mais en fait, ce genre de bêtises, j’y suis abonnée plus ou moins par vagues depuis 7 ans. Parce que y’a pas de bouton off à la connerie, mais j’ai pour avantage d’avoir des outils efficaces de filtre et de sécurité pour m’épargner le pire. Mais, comment tout cela a commencé et pourquoi, hm ? Alors, j’en parlais donc, y’a quelques jours, et je remets le texte que j’ai écris, sur mon blog. Bonne lecture :

Je suis fatiguée. J’ai mis 20 mn à virer, trier, nettoyer et archiver une nouvelle vague de messages de haine et de menaces, ce matin. Environ une centaine, sur mon adresse pro, sur mon site perso, sur celui des CdL, sur FB, même sur Discord (WTF?). Pas sur Twitter. je sais pas pourquoi.

Je fatigue… et parmi tous ces messages, un, presque naïf : mais pourquoi tu nous déteste autant (je vous épargne le sale pute juste après) ?

Ben en fait, ouais, on peut penser que je déteste les #coucouilles. En groupe, en tas, sans distinctions. Bon, ben c’est pas faux, mais c’est pas vrai non plus. Après tout, est-ce que je leur demande pourquoi ils haïssent les gens « pas comme eux » ? Non. Je constate le fait. Y’a-t-il une histoire derrière, pour eux ? J’en sais rien.

Y’en a une pour moi. Mais on va commencer par un TRIGGER WARNING. Tout commence en 2000, par une agression suivie d’un viol en réunion avec torture et une tentative de me tuer à la fin. Parce que je suis trans. Aucune autre raison. Me punir de ma différence ; me la faire payer. Je ne les connaissais pas, ils ne me connaissaient que de vue. Ça leur suffisait.

Ce moment-clef a redéfini ma vie, sans oublier de me filer un superbe syndrome de stress post-traumatique qui a duré des années. Et déjà que j’étais pas mal sensibilisé aux problématiques de la haine contre les « minorités », même quand j’étais encore un mec en apparence, là, c’est devenu pour moi un emblème, un combat à mener.

Alors, c’est devenu important pour moi. Les trans, en priorité, bien sûr, mais aussi les autres LGBT+, sans oublier tous les racisés. Si je pouvais aider, activement, militer, mais aussi tendre la main, ou mettre des baffes, je le faisais. Je me suis reconstruis ainsi.

Et j’ai testé, en tant que victime l’homophobie, la transphobie, le sexisme, systémiques, me donnant un bel aperçu du racisme systémique. J’en ai des wagonnées d’anecdotes douloureuses, j’ai pas envie de vous les raconter ici, mais j’ai testé aussi bien les agressions, que le mépris des institutions, et les premiers harcèlements en ligne.

Elles concluent toutes à la même chose : l’homme blanc cisgenre hétéro se considère le maitre de tout, et devient hostile et haineux dès que cette position et les privilèges qu’il pense avoir sont menacés, même un petit peu. Et ma grande gueule de femme trans belliqueuse (et artiste, un comble !) est pour lui une putain de menace. Je ne prends pas les coups : je les donne, moi.

Mais bon, j’ai fini par aller vivre en Suisse, pays qui ignore une bonne partie de ces violences systémiques dans laquelle j’ai nagé 7 ans durant à Paris. La violence, c’était derrière moi et c’est vraiment tout ce que je demandais. Marre de me battre. Bien sûr, ça ne s’est pas arrêté pour ma part pour autant, mais c’était tellement moindre… un bonheur.

Et puis, en 2015, je sors un bouquin : Les Chants de Loss. Peu après, avec ma compagne et notre meilleure amie, on se prend au jeu d’en faire un jeu de rôle. Et, là, je découvre une autre violence, dans le milieu culturel du jeu de rôle. La même exacte violence systémique des mâles hétéro blancs cisgenre contre tout ce qui menace leur privilège.

Mon bouquin et notre JDR est féministe, et il est assumé comme tel. Nous le sommes. Nous sommes aussi LGBT+ et alliées de l’antiracisme. Et je n’ai pas la langue dans ma poche. Début 2016, les premiers harcèlements commencent. J’en fais un premier bilan sur mon blog, avec cet article :

Sexisme, morale, rôlistes et véritable parité féministe

Dès cet instant, je viens de me coller une cible dans le dos. Ce qui ne s’arrangera pas par la suite. Dès lors que j’ai abordé le problème du sexisme dans le milieu du JDR, j’ai tapé dans les parties de tous les gugusses réactionnaires, masculinistes, racistes, sexistes, bref, ceux que je vais surnommer les « coucouilles ».

En 2017, deux ans avant la sortie de l’article de Slate sur lequel je reviendrais, je publie ceci :

Sexisme et jeu de rôle, statistiques et données

Suivi de cet article, qui va me définir définitivement comme ennemie à abattre :

La X card, le trigger warning en jeu de rôle

Ce sera ma deuxième grosse vague de messages de haine et de harcèlement. Encore limitée, elle m’oblige néanmoins à déployer des mesures de protection contre des tentatives de piratage (DoS) pour éviter que mes sites web ne finissent défoncés. Là, y’a plus tellement de doutes, je commence à devenir la bête noire des coucouilles, mais ils ne sont pas encore un groupe en soit et difficile de les identifier.

Et à partir de là, ça ne va plus s’arrêter, alors pourquoi, moi, je devrais mettre de l’eau dans mon vin ?

C’est en 2019 que Slate sort un article dont les auteurs et participants sont : Louise Thomann, journaliste, et Moïra, Tamara, Marthe, Côme Martin, Eugénie Bidet, Sylvie, Diraen, Coralie David, David Robert et moi-même. Pour les coucouilles, c’est une déclaration de guerre. Pourtant, y’a pas plus dans cet article que dans d’autres contenus sur le même sujet, il est même modéré, mais oui, il appuie là où cela fait mal.

https://www.slate.fr/story/173913/sexisme-jeu-de-role-scenario-viol-joueuses

Et s’ensuit une véritable guerre sur les RS, qui va bien entendu provoquer une vague de harcèlements en ligne, à laquelle je n’échappe pas. C’est là que je réalise que je me fais même pourrir par des gosses et des adultes sales cons des forums 18-25 de Jeux Vidéos. Com, un appel au harcèlement ayant été relayés sur leurs pages !

Bien entendu, relayer l’article, ce que j’ai fait, n’a rien aidé. Mais encore une fois, pourquoi irais-je fermer ma gueule ? Y’a eu aucune discussion ni aucun débat avec les Coucouilles. Si tu n’es pas d’accord avec eux, tu es viré, jeté, humilié, insulté, et ensuite, tu es ciblé par leurs harcèlements. On essaye pas de jouer aux échecs avec un pigeon…

Le sexisme dans la communauté du JDR francophone se porte bien, merci.

Je ne vais pas poursuivre longtemps. Je voulais juste répondre à VOUS à une question de connard, mais qui est intéressante pour VOUS. Entretemps, il y a eu le premier mouvement d’union et de résistance aux connards du milieu du jeu de rôle, qui a été la source d’une autre guerre, et d’encore plus de harcèlements, mais que je ne regrette pas : le Manifeste des Paladins Chatoyants :

Le Manifeste des Paladins Chatoyants

Et vous pourrez aller voir les signatures, y’a du peuple… d’ailleurs, on en recausera bientôt.

Et puis, un petit con merdeux, et oui, je pèse mes mots, essaye de se servir de moi sur Youtube pour trouver une célébrité et une juste cause à servir. Pour lui, une juste cause, c’est militer pour Zemmour, ce qu’il a donc fait pendant les élections présidentielles, avant de se renier quand ce dernier a fait un score de merde, parce qu’il a autant de convictions qu’une pâtée pour chats oubliée dans une gamelle. Il a d’ailleurs effacé depuis longtemps sa vidéo comme un grand (et sa chaine) quand il a découvert quelle célébrité je lui offrais.

Mais, là, je m’énerve, et c’est à ce moment-là que j’ai décidé que c’était terminé : plus de compromis, plus de patience, plus de pitié, pas de retour en arrière. Parce que marre. Parait que je suis radicale. Ho, sans doutes, aucune gêne à ça, mais trois ans de diffamations et de harcèlements, ouais, ça aide à se radicaliser.

Et finalement, car il faut bien conclure, même si c’est très loin d’être fini, j’ai, avec un conseiller juridique et un expert juridique (des gens qui ont des diplômes, dont c’est le métier), achevé de déclarer mon hostilité définitive à ces connards et ma fin de non-recevoir dans une lettre ouverte tout à fait officielle, qui, je le savais, ferais de moi une cible à jamais, mais pas grave… depuis, deux d’entre de mes harceleurs et pirates ont été découverts et assignés en justice par l’hébergeur de mes sites, qui est suisse, et en Suisse, on est très méchant avec le piratage (on s’en fout presque du harcèlement en ligne, comme en France, mais on peut pas tout avoir).

Par pur souci de transparence…

Vala…

Non, je ne les hais pas. Je ne hais personne. Haïr, c’est épuisant. Je les méprise et je ne les aime pas du tout. Mon mépris est actif ; je me fous de leur gueule, je les dénonce, je leur fous le nez dans leur propre merde, je les étales aux yeux du grand public, je leur pourris toute chance de reconnaissance. Car ils n’ont aucun droit de reconnaissance ; ils sont les agresseurs, ils sont les harceleurs, ils ont commencé. Et je ne prends pas les coups : je les donne.

Enfin, parce que c’était mon combat, bien avant de me fader ces petits merdeux, face à bien pire et bien plus dangereux qu’eux. Et que même si je fatigue, pas question à une seule seconde de faire le moindre compromis. Jamais.