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L’affranchissement des esclaves

Sujet important à aborder au regard que, sur les sims de jeu de rôle goréennes sur Second Life, tout le monde fait un peu n’importe quoi avec cela. Ce que je peux comprendre, au demeurant ! Des fois, on a envie de faire évoluer un personnage et on ne tient pas trop à rester coincé dans le rôle.

Oui, mais voilà, la chose est complexe et introduit nombre de conditions légales et sociales, qui, non seulement méritent d’être connues et comprises, mais, en plus, si on les exploite bien, créent pas mal de possibilités d’intrigues. Alors, lançons-nous !

1-Est-ce que c’est fréquent ?

Si on prend pour référence les romans, selon les différents passages qui évoquent ou décrivent ce sujet, clairement, ce n’est pas courant du tout, et, selon les normes des goréens, non seulement c’est très rare, mais ce n’est pas du tout une coutume. D’abord parce que les goréens préfèrent les femmes esclaves ; ensuite parce que cela veut dire perdre une possession de valeur contre une éventuelle compagne qui peut très bien profiter de ses droits pour aller voir ailleurs ; ensuite, parce qu’une esclave affranchie reste une esclave dans sa tête et peut ne pas supporter sa liberté ; enfin, parce que cela ne se fait pas simplement sur une décision du maitre : il y a des conséquences légales, et on va en parler. Et puis, pourquoi affranchir une esclave, quand elles sont rares et précieuses, alors qu’il y autant de femmes libres ?

 La rareté des filles-esclaves

La plupart des femmes étaient libres, mais il y avait aussi des esclaves, environ une esclave pour quinze ou vingt femmes libres.

Vengeurs de Gor Livre 36 Page 134

Les filles-esclaves sont statistiquement rares. Environ 3% à 4% de la population de Gor (hommes & femmes) est asservie. Ce chiffre varie selon les milieux : 5 à 10% dans une cité-état, et jusqu’à 20% dans la plus grande ville de Gor, Ar. Et ce sont les estimations de Norman lui-même, dans les romans ! L’esclave est un bien de consommation rare et de luxe, absolument inaccessible au paysan, au petit artisan ou au simple rarius. Norman a d’ailleurs révisé son traitement descriptif des esclaves dans les romans de Gor, à partir du 15ème volume environ, pour refléter cette réalité qu’il avait jusque-là un peu galvaudé : si les goréens traitent les esclaves comme des marchandises méprisables, ce sont des marchandises méprisables très convoitées et vraiment peu communes. Un luxe, et un signe extérieur de richesse prisé et recherché, car les esclaves ne sont pas du tout abondantes.

Dans toutes les couches de la société, il est clairement beaucoup plus aisé de se trouver une femme libre pour compagne que d’acheter et entretenir une esclave. Pour rappel, la monnaie de base dans Gor, c’est le Tarsk de cuivre, et la monnaie des riches est le Tarsk d’argent. Le Tarn d’or, c’est la monnaie des ultra-riches. Si dans les premiers romans, tu peux acheter une fille avec quelques tarsk de cuivre, Norman corrige vite ces prix, et les filles-esclaves commencent à se vendre à au moins deux ou trois tarsk d’argent, c’est-à-dire presque une année de revenus d’un paysan ou d’un simple rarius. Bref, les esclaves, c’est des produits onéreux et rares, un luxe inaccessible à plus de 90% de la population de Gor.

Une décision statistiquement rarissime

Les hommes goréens, dans l’ensemble, ne libèrent pas les esclaves. L’affranchissement d’une fille est presque inconnue. C’est logique ; ce ne sont pas des femmes libres, ce sont des biens, des objets de valeur, des trésors. Qui se débarrasserait de biens précieux, qui abandonnerait des trésors ? Si la jeune fille esclave ne valait pas grand-chose, peut-être serait-elle libérée. Mais elle est trop merveilleuse pour être libérée ; et si elle n’est pas merveilleuse, elle peut être tuée. De même, quel homme qui a connu la gloire et la joie d’une fille à ses pieds est susceptible de vouloir l’échanger contre les inconvénients et les tracas d’une femme libre ?

Les explorateurs de Gor

Le proverbe dit : seul un idiot libère son esclave.

Assassins of Gor

L’affranchissement d’une esclave arrive, parfois, très occasionnellement. Encore une fois, c’est très rare. Dans l’immense majorité des cas, il s’agit pour un homme de faire de son ancienne esclave sa Compagne, ce qu’elle ne peut refuser, et lui faire porter ses enfants. Rappel : dans la loi goréenne, tout enfant d’esclave est esclave dès sa naissance.

Cela peut être un choix de simplicité : l’homme n’a jamais trouvé de Compagne et voudrait une descendance, mais cela peut aussi être un choix plus intime, comme les résultat d’un amour commun sincère finissant par cette marque absolue de grand respect.

Dans l’autre cas, exceptionnel, l’esclave est reconnue pour des capacités ou compétences uniques n’ayant rien à voir avec les attendus d’une esclave et, pour ne pas gâcher ces qualités, elle est affranchie et adoptée par la famille de son ex-propriétaire ou par l’ex-maitre lui-même.

Mais sorti de ces deux cadres, il n’y a aucun affranchissement qui puisse arriver et aucun affranchissement légal possible, on va y venir. Comme le montre cette citation ci-dessus, une esclave qui ne serait pas assez « merveilleuse », c’est-à-dire utile, efficace, plaisante, pourrait éventuellement être affranchie, mais en fait, la meilleure solution, c’est tout simplement de la tuer.

Pourquoi tuer plutôt qu’affranchir ?

Et pourquoi me direz-vous, tuer une esclave que l’on juge plus assez efficace et utile, plutôt que lui rendre sa liberté ? D’abord, parce que c’est socialement la norme : un maitre peut le faire, donc, s’il fait autrement, il montre une faiblesse. La pitié n’est pas socialement bien vue chez les goréens. D’ailleurs, peu de goréens penseront et agiront autrement.

Et paradoxalement, c’est aussi pour une question de compassion. Une fille-esclave bien dressée et éduquée le reste à jamais, elle ne peut pas changer en claquant des doigts. Il lui sera presque impossible de briser son conditionnement d’esclave, car elle est totalement dépendante du sentiment d’appartenir à un maître, d’être un animal possédé. Une esclave bien éduquée est avant tout complètement conditionnée à n’avoir aucune autonomie réelle, à se sentir inférieure, animale, être timide et docile. Elle est entrainée à obéir sans réfléchir, à exprimer le désir, à laisser parler la plus exacerbée féminité et sexualité. Une esclave dressée et éduquée le reste à jamais ; son cœur ne pourra jamais être celui, froid et dur, fier, d’une Femme Libre. Elle est condamnée à son état, même si elle en souffre, même si elle se rebelle. La libérer, c’est un peu comme libérer un oiseau domestique qui n’a jamais connu la liberté de sa cage : dans un monde de proies et de prédateurs, il sera vite dévoré ou mourra de froid et de faim.

« Seul un idiot libère son esclave » prends soudain un tout autre sens, n’est-ce pas ?

2- Les conditions pour être affranchie

Attention, c’est parti et c’est là que vous allez comprendre que c’est compliqué, donc, suivez bien.

Légalement et en théorie, tout propriétaire peut affranchir son esclave ; il lui retire son collier et lui dit : « tu es désormais libre, lèves-toi devant moi », devant témoin et l’affaire est entendue. Mais s’il s’arrête là, tout ce qu’il a fait, c’est de créer une esclave sans collier et sans propriétaire. Le premier venu peut s’en saisir tout à fait légalement et c’est reparti pour un tour.

Pour comprendre que l’affranchissement est un processus qui demande des conditions, il faut se rappeler que le monde de Gor est régi par deux principes sociaux magistraux : le système des castes, et le système de la famille.

Une personne libre doit avoir une famille, être membre d’un groupe familial identifié et qui reconnait légalement ses membres, condition essentielle pour appartenir à une caste. Pour avoir une caste, il faut être née d’une famille ayant une caste. On reste dans la caste de sa famille, et on ne peut en changer, sauf exception. Le système est très rigide et très figé.

Sans caste, un individu n’est, techniquement, rien : il ne peut travailler, sauf aux travaux les plus ingrats et vils, car un métier dépend d’une caste, et il lui est interdit de pratiquer quelque métier que ce soit qui ne soit pas de sa caste. Et sans famille à laquelle il pourrait être lié, ce même individu, qui, une fois libre n’est que libre mais n’a aucune famille. Une fois asservi, un individu perd tous ses liens familiaux et ils sont rarement récupérés par la suite. Il n’a donc pas non plus de caste. Il n’est personne. Pas mieux que fondamentalement, un barbare, un hors-la-loi, ou une esclave en fuite.

Donc, pour affranchir une esclave, il n’y a que deux moyens, des conditions nécessaires à lui faire réintégrer la société :

  • Prendre une esclave pour Compagne (l’inverse n’est légalement pas possible, on ne peut pas prendre pour Compagnon un kajiru), ce qui la lie de suite à la caste de son Compagnon et sa famille.
  • Adopter l’esclave dans la famille, ce qui ne peut se faire qu’avec l’accord du chef de la famille, seul à décider s’il accepte l’adoption. Même un homme Libre ne pourrait adopter un individu comme son fils ou sa fille sans accord du chef de la famille ; autant dire que ce n’est pas du tout évident à faire accepter !
  • Faire reconnaitre tout cela légalement auprès d’un magistrat de la ville, qui va établir des papiers en règles, et officialiser ce changement. Et selon les autorités de la ville, cette procédure peut être plus ou moins difficile et exiger de très bonnes raisons.

Le premier cas est assez facile, mais exige tout de même, pour faire les choses bien, de les faire légalement. Et en plus, ce n’est pas si évident pour certaines esclaves. Par exemples, les filles aux oreilles percées vont avoir des problèmes :

Une fille aux oreilles percées est, bien sûr, soit une esclave, soit une ancienne esclave. Si elle est une ancienne esclave, ses papiers de manumission doivent être en parfait ordre. Plus d’une femme libérée, à cause d’oreilles percées, s’est retrouvée sur le billot, à nouveau réduite par des hommes forts à l’état d’esclave impuissante.

Slave-girl of Gor

Le second cas est plus compliqué et autrement plus rare. L’adoption après affranchissement ne peut être validée que par un chef de famille, lui seul décide, même si on peut imaginer qu’un goréen loin de sa famille puisse décider de prendre cette initiative lui-même ; mais alors, il aura du mal à valider légalement son geste.

Et dans tous les cas, il faut une raison à cela, socialement suffisante aux yeux des goréens et « parce que j’en avais envie » n’est pas suffisant, surtout si c’est l’adoption d’une femme-esclave. Il faut que la personne à affranchir ait fait preuve de qualités remarquables dans un domaine professionnel tel que cela justifie amplement son affranchissement. Des qualités qui seront alors testées, si elles ne sont pas reconnues unanimement : ce n’est pas parce qu’une esclave était une ex-médecin renommée, par exemple, qu’on va croire sur parole que ses compétences méritent son affranchissement.

3- L’affranchissement

Bien sûr, une fois une esclave affranchie, il faut valider l’acte auprès d’un magistrat de la ville et, préalablement, lui acheter des vêtements dignes de son statut :

EXTRAIT DES ROMANS :

“Je peux vous faire affranchir”, a-t-il dit. “Nous pouvons voir un préteur demain. Je peux vous acheter des pantoufles, des voiles, des robes, des vêtements appropriés.”

Plunder of Gor

Un affranchissement peut, en théorie, être fait d’une simple décision du propriétaire. Mais une fois affranchi, le nouveau citoyen doit voir son statut validé par les autorités de la ville, ce qui demande non seulement une certaine paperasse à faire, mais que cet affranchissement soit conforme aux lois locales. Personne ne peut décider d’affranchir un esclave de son propre chef sans en passer par un magistrat qui décidera si cette décision est acceptable et légale.

Pourquoi donc ? Parce que certains esclaves le sont suite à une décision de justice : et, eux, ils ne peuvent être affranchis si les représentants de la loi locale ne l’autorisent pas ! Ce serait trop beau, sinon. Bien sûr, il est possible de changer de ville ; mais une famille et caste sont liées à une ville, et il faut être reconnu dans une ville pour avoir des droits.

Deux cas spéciaux irrecevables

L’auto-affranchissement, ça n’existe pas ! Une esclave sans collier, c’est juste une esclave sans maitre ou en fuite, jamais une Libre. Encore une fois, car sans passer par un magistrat et par les conditions plus haut, elle ne sera jamais reconnue comme Libre :

EXTRAIT DES ROMANS :

L’esclave ne peut pas s’affranchir elle-même. Elle ne peut être libérée que par son propriétaire. La condition d’esclave n’exige pas le collier, ni la marque, ni aucun autre signe apparent de servitude. Ces objets, aussi symboliques soient-ils, aussi profondément significatifs soient-ils, et aussi utiles qu’ils soient pour marquer les propriétés, identifier les maîtres, etc. ne sont pas nécessaires à l’esclavage. Ces signes sont, en effet, bien que les retirer puisse légalement entraîner l’affranchissement, en fin de compte, seulement des marqueurs de servitude, et ne doivent pas être confondus avec la réalité elle-même. L’esclave sans collier n’est pas une femme libre mais seulement un esclave qui ne porte pas le collier d’un maitre.

Les Renégats de Gor

L’autre cas irrecevable, sauf exception, est celui des terriennes. Esclave-née, recherchée et convoitée, une esclave terrienne. C’est indiqué noir sur blanc sur ses papiers d’identification d’esclave, car c’est particulièrement. Sans l’appui de gens très puissants, un magistrat refusera tout simplement l’affranchissement : c’est son devoir, car il s’agit pratiquement d’un interdit sacré. Affranchir une terrienne est non seulement un non-sens pour les goréens, mais, en plus, c’est potentiellement dangereux, à cause des énormes fossés culturels et intellectuels entre ces deux cultures.

Il ne faut pas affranchir les terriennes, point. La Caste des Initiés, quand elle l’apprend, peut très vite se mettre en rogne et venir réclamer des comptes auprès des autorités, qui devront se justifier solidement pour ne pas voir leur décision de justice cassée par un décret religieux. Ceci dit, il est toujours possible de tricher, faire disparaitre ou falsifier des papiers et ni vu, ni connu. Mais il faut alors une sacrée raison pour prendre un tel risque. C’est même une affaire de compassion, derrière les autres raisons plus officielle. Une terrienne fait une très bonne esclave, mais s’adapte très mal à la vie de femme libre goréenne. Ce n’est donc pas un cadeau à lui faire, car souvent, cela peut mal finir.

Et pourtant, et malgré ces écueils, cela arrive ! Mais déjà qu’affranchir une esclave est, j’insiste, vraiment très rare, affranchir une esclave terrienne est carrément du domaine de la légende tant cela est peu arrivé.

Voilà, c’en est fini pour cet article qui éclaire un peu les problèmes complexes qui concernent l’affranchissement d’une esclave, aussi bien du point de vue social que légal. Du travail et des intrigues en perspective ; autant dire que parfois, il va falloir avoir un magistrat dans sa poche.

Et pour finir rappelez-vous bien de cet adage :

Le proverbe dit : seul un idiot libère son esclave.

Assassins of Gor

 

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